Oberheim Ob-8

Oberheim OB-8

Analogique

Polyphonique 8 voies, ou 4 voix en mode Split ou Double (layer)

120 mémoires

2 vco par voies, 2 enveloppes, LFO’s : 2 et ½ (je vais m’expliquer)

1983

Une autre version des « grands 8 voies » Oberheim des années 80, le derniers des OBx avant les Matrix et autres Xpander, utilisé par Police, Prince, et aussi des « grands planants » comme Steve Roach. Cette fiche complète en quelque sorte celle de BIBOULON sur l’OB-xa

l’aspect extérieur autant que le son est en tous points analogue (haha) à son prédécesseur l’OB-xa, et visiblement le bruit qui coure comme quoi le son de l’OB-8 est moins gros est à peine fondé .il parait, au vu de nombreux forums qui traite du litige, qu’effectivement il y a une très légère différence si on les mets côte à côte mais que bon franchement, il n’y a pas matière à détourner l’acheteur potentiel d’une éventuelle acquisition , même si celui-ci est particulièrement sensible au « grain » et à la musicalité d’un instrument, à toutes ces petites fréquences coquines qui se baladent un peu partout et qui font tout le caractère et le charme d’un instrument. Moi en l’occurrence. Je n’ai sûrement pas la meilleure oreille du monde, mais j’ai entendu et essayé cette machine branchée sur une minichaîne Philips, c’est dire, et nettement on reconnaît tout de suite ce son si personnel, on se surprend à vouloir réécouter des Prince du début, et on comprends tout à-coup pourquoi Oryjen n’aime pas les Rolands . Baste! il ne peut pas toujours avoir tort !

Comment dire, ces cuivres gras et somptueux, ces cordes délayées, c’est une gourmandise auditive qui se déroule dans les trompes d’eustache. Hormis la richesse du contenu harmonique, le son de par la polyphonie est à la fois « séparé » de note en note dans un accord donné, comme dans une string machine (à diviseur d’octave : Arp omni ou solina, ou Korg ps) et en même temps « plein » et cohérent de la façon d’un Prophet 5 ou Memorymoog. En d’autres termes il coexiste dans le son en même temps une grande clarté et cette richesse musicale si particulière aux vieux analos polyphoniques. N’empêche…c’est l’une des rares machines sur laquelle on peut faire un accord dans les basses sans que ça devienne de la bouillie, toutes les notes se distinguent avec musicalité.

je tiens quand même à préciser que je ne trouve pas les sons d’usine très intéressants (c’est le cas sur la plupart de nos machines chéries n’est ce pas, il faudrait pour bien faire effacer systématiquement les presets d’usine, c’est presqu’un devoir, disons une religion) , mais dès qu’on la tripote un peu (la machine), la bougresse s’emballe et vous gratifie d’un son riche et gouleyant. Oui, pour moi l’OB-8 est une femme, parfois vigoureuse j’en conviens, mais douée de délicatesse et de finesse .

En outre par rapport à l’Ob-xa il (elle) possède quelques plus très intéressants :

-il y a donc 2 VCO à forme d’onde saw et pulse comme avant mais cette fois à l’instar du Prophet 5, on peut les empiler, et puis aussi une 3eme forme d’onde (sinusoïdale) quand les deux switchs sont off.

– le Lfo « performance » donne le choix entre six formes d’onde contre deux sur l’OBxa :Sinusoïdale, carrée, dent-de-scie ascendante, descendante, sample-and-hold, et noise.

– un arpeggiateur 8 notes, avec mémoire d’ordre, up /down / up&down / aléatoire , avec une prise jack à l’arrière pour le synchroniser par v/trig, avec une TR Roland ou un séquenceur analogique externe par exemple.

– Le réglage des voies dans la panoramique est directement accessible sur le coté droit de la machine ce qui est quand même fort pratique ! bonjour la stéréophonie d’enfer .

– et surtout la « page 2 » qui rajoute plein de petites fonctions, concernant surtout le LFO et demi. pour le « demi » je vais m’expliquer :

En fait le manuel de l’OB-8 se targue d’avoir 3 Lfo’s, 1 Lfo performance, non programmable et agissant seulement sur les vco’s, et 2 Lfo programmables, mais en fait leur vitesse est commune, seul leur profondeur et leurs destinations sont différentes, le 1er vers le ou les VCO et/ou filtre, le 2eme vers le ou les pwm et le volume (ou VCA). Donc en pratique , (pas forcément en théorie) il s’agit plus d’UN seul Lfo à multiples destinations (6) avec 2 réglages de profondeur. Avec itou six formes d’onde dont celles citées plus haut sauf la « noise » mais une onde modulée par le LFO performance à la place

Mais là où je rajoute le « demi » , c’est qu’en passant au menu « page 2 », on accède à d’autres paramètres et cela devient très très intéressant :

– On peut ainsi déphaser à 90° ou à 180° les Lfo des voies 5,6,7 et 8 par rapport à ceux des voies 1,2,3 et 4, c’est-à-dire que chaque voies (il y en a 8 avec 2 vco chacun) possédant forcément leur propre Lfo (donc 8 Lfo, c’est la règle empirique de la synthèse polyphonique des puristes par rapport au diviseur d’octave, chaque voie doit posséder son ou ses Lfo, son ou ses enveloppes, Vca, etc.) mais ceux-ci étant synchronisé pour raison de potentiomètres devenant trop nombreux et surtout de maniabilité (imaginez 8 Lfo avec chacun leurs réglage de profondeur, de vitesse + les formes d’onde…j’vous dis pas eul’merdier à programmer sans parler de la taille du salon qu’il faudrait investir et de la longueur des bras pour tripoter tous les boutons ! ) et bien là on les déphase en deux groupes, ce qui donne des modulations plus étoffées, plus riches .

– on peut inverser le cycle de Lfo du VCO 1 par rapport au VCO 2 .par  exemple imaginons une note modulée sur sa hauteur vers l’aigu et en même temps vers le grave. Génial ! Cette inversion agit sur la hauteur et/ou sur le pulse width.

– on peut quantifier l’onde des Lfo, c’est-à-dire faire un effet « d’escalier » sur une onde ascendante par exemple

– on peut appliquer deux enveloppes sur les destinations de ce (ces ?) Lfo. Une pour la mod 1 (destination VCO et VCF), l’autre pour la mod 2 (pulse width et volume). Comme le ferait le MVCA d’un MS-20 pour retarder le démarrage du Lfo pour ceusses qui connaissent. Et donc AUSSI contrôler le temps de déclenchement ET de montée.

– on peut inverser ces enveloppes !

– et enfin (quoiqu’on en aurait jamais marre, plus y’en a, hein…) on peut appliquer un « tracking » du Lfo par le clavier agissant sur la vitesse, c’est-à-dire que plus on jouera une note aigue, plus la vitesse du Lfo sera rapide.

Puis d’autres fonctions :

– on peut détuner les voies par rapports aux autres, donc avoir un accord très droit ou justement moins droit, désaccordé, quoi. À utiliser avec parcimonie évidemment mais permet d’avoir un son moins clinique si on le désire. Enfin si l’on considère qu’un instrument très bien accordé sonne clinique.

– on peut neutraliser les voies une à une, les éteindre, quoi. Par exemple si comme moi le mode unisson des polyphoniques vous emmerde (personnellement le son trop gras que cela donne me déplait) et que vous préférez un son mono à 2 ou 4 VCO maximum, ben là on peut le faire.

– divers réglages pour le portamento, un « quantize » pour effet d’escalier, pour déclenchement seulement au jeu legato, bien synchronisé ou pas du tout, etc.

– et aussi un bend programmable ! On attaque un accord, et les notes viennent d’une quinte au dessus ou au dessous ! Intervalle programmable jusqu’à deux octaves d’écart.

– et enfin le release réglable de la pédale de sustain, après relâchement.

Voilà pour les différences avec l’OB-xa. Pour les autres paramètres ils sont identiques, donc se référer à l’excellente fiche de Mâitreu Biboulon.

Et à  ce propos il y a bien sur des points noirs, notamment les leviers de modulation et pitch-bend. Alors bon je suis sans doute un maniaque mais là encore, je n’aime pas ces leviers, contrairement à Bib. Le bend car il « bloque » au cran central, bonjour les vibratos naturels …

Le levier de mod. car il n’est utile qu’en le tirant vers soi, peut-être Oberheim pensait un jour y implanter des fonctions supplémentaires pour quand on le « pousse ». Mais surtout je lui reproche de ne pas pouvoir moduler autre chose que les VCO, ben oui quoi nous aurions apprécié au moins la modulation ou l’ouverture du filtre, ou pourquoi pas des pwm.

L’arpeggiateur est moins naturel et accessible que celui d’un Juno ou d’un jupiter, mais bon question d’habitude .

Visiblement l’OB-8 a connu de petites évolutions, le mien doit être l’un des premiers car il est encore équipé d’un clavier Pratt & Read comme ses prédécesseurs alors qu’ils seront pourvu de clavier Panasonic par la suite, et aussi je n’ai pas d’inscriptions visibles en bleu clair concernant les fonctions page 2 sous chaque bouton idoine alors que des modèles plus récents en sont pourvus.

En conclusion, je dirais que , sa côte actuelle restant moins élevées que ses ancêtres (entre 1500 et 2100 € contre 2500-3000 pour un Ob-x ou Ob-xa, et par rapport à ses concurrents que sont le Prophet 5 -2500/3500€-, Jupiter 8 -3000/4000€- et Memory-moog -3500/4500€- ) au vu du caractère de son son et de ses possibilités non négligeables (arpeggiateur, lfo étendus, stéréo panoramique très accessible) je dirai que l’Ob-8 reste une bonne affaire sérieusement envisageable si l’on veut avoir le son Oberheim et acquérir un vrai polyphonique analo sans dépasser  2000 euros .

This entry was posted in Vintage américains. Bookmark the permalink.

Comments are closed.