Korg X-911

‘Qu’est-ce que c’est que ce hideux bidule? s’écria l’Anafroggien en époussetant sommairement l’engin sorti de sous un napperon 13è siècle savamment disposé sur ce meuble Henri II à la retraite. Le repris de justice frigorifié responsable du rayon ‘horreurs diverses et mal identifiées’ s’étant absenté un instant, sans doute pour aller écluser un Nième coup de vin-chaud-cannelle, l’Anafroggien soupira d’agacement et d’embarras et entreprit d’examiner la chose.
-Un grille-pain? Une boîte à effets? Un Transmetteur Intergalactique?
Que nenni, ballot: C’est un synthétiseur, un vrai!
Ouaip.

Synthèse analogique
Polyphonie 1
Mémoires Bin… 6 presets, quoi…
Ondes empilables 11
Oscillateurs 1
date de production 1981

Cet engin a été conçu commercialement parlant comme un synthé-guitare, c’est-à-dire un synthé pilotable par le son produit par une guitare électrique.
Il inclut donc le fameux module ESP (External Signal Processor) implémenté sur le MS20. C’est une version simplifiée du circuit utilisé sur l’interface MS-03.
Comment ça marche?
F’est ecftrèmement fimple, ve vais tout vouv ecfpliquer:

Quand je dis ‘le son d’une guitare électrique’, je me conforme aux intentions étroites du service marketting Korg de 1981. En fait ça marche avec à peu près n’importe quoi, pourvu que vous ayez la finesse de saisir le fonctionnement des deux modules d’entrée.
Donc vous entrez un son en face avant.
Voici les modules qui gèrent l’interprétation du son. L’un à gauche, l’autre à droite près du Volume.

Le premier comporte un potar, deux voyants, et deux sélecteurs.
On règle d’abord le volume d’entrée du signal, assez haut pour que le témoin TRIG s’allume , et assez bas pour que le témoin PEAK ne s’allume pas. Entre ces deux points se trouve une plage, variable selon le signal utilisé. Là est toute la difficulté: Il s’agit de trouver en tâtonnant le point optimum qui garantit un bon suivi (tracking pour les anglomanes).
Cependant la réaction du module dépend aussi étroitement des deux sélecteurs situés en-dessous.
Celui de gauche détermine la plage dans laquelle travaille le potar. Il est entendu que dans tous les cas de figures, on trouve en agissant sur le sélecteur et le potar une plage qui tombe correctement par rapport aux deux voyants.
Correctement en terme de VOLUME, mais pas forcément en terme de QUALITE exploitable au mieux par le module.
S’ajoute à ceci un autre paramètre, le sélecteur de droite, qui, m’a-t-il semblé, ne règle pas la polarité du déclenchement, mais la PHASE du signal d’entrée sur laquelle on va travailler.
Voyez le nombre de possibilités que comporte ce module d’entrée? Pas étonnant qu’on entende ici et là décrier le suivi dont est capable cet engin. J’y ai passé des heures, avec toutes sortes de signaux, et j’affirme que le X-911 est capable d’un suivi impeccable avec la plupart des signaux source.
Il suffit de patiemment explorer le fonctionnement de ce module d’entrée.

Le second module, intitulé TOUCH SENSE pas vraiment placé en sortie comme le suggère sa proximité avec le potar de volume général, détermine sur trois positions la sensibilité avec laquelle l’enveloppe du signal d’entrée va agir sur les VCAs et les VCFs.
‘Les’ VCAs et ‘les’ VCFs, avez-vous dit?
Bin oui, y’en a plein dans cette petite boîte. Nous y reviendrons.

Bien, supposons que vous ayez dompté le module d’entrée. Que se passe-t-il ensuite avec le signal obtenu?
Eh bien ce signal va déclencher les sons disponibles dans le synthé mais lui aussi rester disponible en tant que tel.
Voici donc deux sources sonores qui attaquent le VCF:

C’est un VCF 12dB/Oct calqué sur celui du MS20. Son coeur est un OTA LM13600N.
Le module VCF dispose d’un potar de Cutoff, d’un sélecteur de modulation, et d’un sélecteur de source.
Pas de potar de réso, malheureusement. Celle-ci est fixe. On en retrouve la couleur sur un MS20 en plaçant le potar idoine entre 4 et 5.
-Bon, Cutoff, pas besoin de dessin. Je présume que vous n’êtes pas tombés ici par hasard en recherchant les oeuvres complètes de Jean Paulhan…
-SIGNAL SELECT propose 3 positions:
°VCO route dans le filtre le VCO de la section SYNTHE.
°GUITAR route dans le filtre le signal utilisé en entrée. Ca donne une couleur magnifique à n’importe quel son!
°DISTORSION opère une X-mod entre les deux sources disponibles. On obtient une saturation très particulière, à laquelle quelques énervés tenants de l’expresionnisme le plus échevelé ne manqueront pas de trouver un usage.
-SYNTHE WAH est l’équivalent de la fonction EXPAND sur les Korg première génération: Un EG est appliqué au Cutoff de 3 manières différentes: Nul, moyen, fort.

Nous avons ensuite deux modules, l’un pour accorder le VCO, l’autre est un portamento.

Le premier module comporte un potar d’accord général, un second intitulé INTERVAL, qui procure une hauteur différente, réglée par le potar et actionnée par une entrée foot switch en face avant, et un sélecteur 3 positions qui décale l’ensemble d’un ou deux octaves.
Le portamento est lui aussi déclenché par une entrée foot switch en face avant.

Nous voici à présent au coeur du système: la génération sonore.
Nous avons à gauche les presets. Ces 6 instruments EMPILABLES sont réalisés avec des circuits de MS10 ou de M500. Il y a là 3 filtres à base du fameux chip propriétaire KORG35, réputé pour la chaleur et la rondeur de ses sonorités, et 6 VCAs, un par son.

 

 

 

 

 

 

 

-ELECTRIC BASS, TUBA, TRUMPET et VIOLIN sont des dents de scie.
-DISTORSION GUITAR est une PWM modulée par un EG.
-FLUTE est bien entendu une TRI.
Au-dessus de chaque touche se trouve un petit potar qui agit de la manière indiquée, de façon très sensible et efficace.
On obtient de cette manière des sons de basse électrique et de tuba absolument merveilleux, un son de trompette tout à fait passable dans un mix, et des sons de guitare, de flûte et de violon… Korg preset, quoi ;-))

Ensuite, à droite, la partie SYNTHE, qui donc peut être routée dans le VCF cité plus haut.
Même principe que pour les presets, tous les sons sont empilables.

Ici, les petits potars agissent sur la forme d’enveloppe ASSOCIEE à chaque onde.
Untel agit sur l’attaque, untel autre sur le decay.

 

 

 

 

En empilant plusieurs ondes, vous empilez aussi plusieurs paramètres d’EG et vous les ASSEMBLEZ de manière à pouvoir éventuellement créer des EGs à 2 ou 3 segments, pour peu que les plages soient réglées de manière adéquate.

A noter que le segment associé au carré 8′ n’agit pas sur un VCA mais sur la pente de modulation du VCF.
2 VCAs pour cette section.
On obtient en associant ces fonctions à peu près tous les effets sonores disponibles sur un synthé standard.

Enfin, un slider de balance entre les deux sections permet le mixage.
Dessous se trouve une touche CANCEL qui éteint toutes les touches précédemment sélectionnées.

 

 

 

 

 

Cet engin dispose en face arrière d’une connectique très complète pour contrôler le VCF, CV IN et OUT et FM sur le VCO, TRIG IN et OUT sur l’ensemble des VCAs, ce qui en fait un module facile à associer en esclave à d’autres synthés ou séquenceurs analo.
Il est aussi possible de le jouer avec une sourece sonore accoustique et, par son intermédiaire, de contrôler en maître d’autres machines analo.
C’est réellement un concentré, qui est capable de produire des sons très épais rappelant beaucoup ceux du SIGMA.
On se demande par quel miracle un seul VCO peut être ainsi trituré et dispatché en des variantes si diverses SIMULTANNEMENT disponibles…

Erik G, un furieux du DIY Suédois, très actif sur VSE, a fait l’inventaire des possibilités cachées de l’engin, a manifestement trouvé la réponse à ma précédente question, et l’a reconfiguré en un splendide semi-modulaire baptisé tout naturellement MS-911.

Personnellement, j’utilise le mien comme esclave de mon système MS-20/MS-50/SQ-10.
Parfait pour grossir un son ou ajouter une voix à une séquence!

Voici un lien vers un morceau fait entièrement au X-911, joué au clavier du MS20, bouclé en temps réel avec un Boss RC20. BàR Viscount R64:
//www.noise-is-beautiful.com/mp3/apres-demain-remix.mp3

Hum… Ai-je été clair?

Fiche créée par Oryjen

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