Korg Lambda ES50

Synthèse analogique
Polyphonie Totale
Multitimbral 2
Mémoires Non
Sons empilables 9
Oscillateurs 252
EGs 97
VCAs 576
date de production 1979

 

Hum… Z’avez lu le tableau au-dessus? Y’a des gros numéros, hein?
Oui, ce modeste bidule à presets déguisé en orgue de salon avec ses rockers-switches est un monstre bourré ras-la-gueule!
Les gros chiffres ci-dessus ne sont en rien des affabulations ou des rumeurs, mais sont tirés du manuel utilisateur de la machine, qui annonce fièrement la performance grâce au tout nouvel usage massif des circuits intégrés.
Et on peut dire qu’ils n’y sont pas allés de main morte!
576 divisé par 48 égale 12.
252 moins 12 égale 240.
5 fois 48 égale 240.
96 (+1) divisé par 48 égale 2.
Qu’est-ce à dire, élève Machin, qui feignez habilement d’avoir la fibre mathématique?
Oh, juste que ce ‘modeste’ preset polyphonique est tout droit issu de la philosophie qui a présidé à la création de la série PS:
-Comment donc qu’on va le rendre polyphonique not’bouzin, là, à l’ère de la technologie mono?
-Bah c’est tout simple: On va mettre un synthé mono complet pour chaque touche.
-D’accord mais cette fois on en met DEUX!
-Allez, si tu veux.
Cet excellent clavier, le meilleur type jamais fabriqué par KORG, qui équipe aussi le Delta et le Trident, toucher à la fois ferme et divinement souple et précis, fin-de-la-parenthèse-même-pas-ouverte-d’ailleurs propose 48 touches à vos doigts boudinés et gourmands. Mince qu’est-ce que je fais de mon 5?
Oh et puis zut!

Visite guidée, de gauche à droite, comme il ne se doit pas forcément au fait, mais comme on en a l’habitude:

Ca c’est un bout de la section Effets. L’autre bout est sur le Joystick, qui, poussé vers l’avant ou l’arrière accélère ou ralentit la vitesse de modulation (latéralement il sert de pitch-bend).
Enfin, Effet, car c’est un PHASER (non un Chorus comme on le voit bizarrement écrit un en-dessous et je vais vous expliquer pourquoi:) et juste un PHASER.
Alors il y a deux boutons ON/OFF, un pour la section ENSEMBLE, l’autre pour la section PERCUSSION.
Habin voilà mon 2: Il y a 2 sections, cumulables, évidemment, vous vous croyez où?
On peut donc appliquer l’effet sur l’une et/ou l’autre section.
Ouais… Bin… Normal, quoi.
Oui mais le bouzin est stéréo. Il a deux sorties audio derrière, une pour chaque section.
Bon il a aussi une sortie mono qui mixe les deux canaux, et quand il est connecté en mono, le phaser est très joli: Large, ample, vaste, souple et granuleux…
Mais quand les deux sorties sont connectées séparément, mettons qu’on appelle une sortie E et l’autre P (vous allez voir on va avoir besoin de clarté), la phase positive de la sortie E sort sur la sortie E TANDIS que sa phase négative sort sur la sortie P ET RECIPROQUEMENT!!!
Alors là, c’est pas ‘joli’ qu’il est, le phaser. Non. c’est juste que votre studio devient un autre monde.
Voilà.

Alors là, gros morceau du Lambda! Z’avez vu, y’a 3 boutons de tune.
Vous vous rappelez, sur un Prophet5 il y a 2 oscillos par voix. Sur un OB-X ou Xa ou OB8 ou Prohet T8 ou un JP6 ou 8 ou un CS80, etc… aussi.
Sur tous les polys de légende, il y a 2 oscillateurs par voix.
Bin lui il en a 3.
Par touche.
Alors moi j’ai cherché mais je ne sais as trop comment c’est fichu là-dedans. Le manuel dit 252 oscillateurs, mais on lit ailleurs qu’il est gaulé comme un PS avec des diviseurs spéciaux, etc…
Bref, TOUT SE PASSE à l’usage comme si vous aviez vraiment 3 Oscillos par touche, parce que il y a VRAIMENT 48 voies de polyphonie, et que vous pouvez, grâce à ces 3 potars, accorder (Ou subtilement désaccorder, petits malins…) les 3 voix.
Il en résulte, vous l’aviez deviné, un son extraordinairement dense et texturé.
Ce qui est très sympa c’est les deux LEDs au-dessus des 2ème et 3ème potar: Elles clignotent précisément à la vitesse du battement produit par le désaccordage des Oscs 2 et 3 par rapport à l’Osc 1.
C’est bien pratique parce que les potars 2 et 3 sont un peu petits et donc difficiles à manipuler avec précision.
Par exemple quand on veut faire ce fameux son légèrement désaccordé à la Blade Runner, vous savez…

Voici la section Accent. En haut le potar règle indépendemment le cutoff des cuivres, qu’on actionne plus loin dans la section ENSEMBLE.
Très expressif si vous avez réglé les strings très sourds et voulez accentuer l’attaque de manière plus brillante…
L’autre potar règle le VOLUME du clic qu’on entend à l’attaque du piano électrique.
Tiens voilà mon (+1)! ‘vous rappelez? C’est le 97è VCA dont on ne savait que faire au début.

 

 

 

 

Arrivent les deux commandes de VCFs. En haut pour les sons de la section ENSEMBLE (sauf les cuivres, mh?…) et en bas pour les percussions.
Très peu de résonnance dans les deux cas, mais ces contrôles sont redoutablement efficaces!

 

 

 

 

 

Mixage des deux sections.

 

 

 

 

 

 

 

Mettez les lunettes et cachez les gosses, ici ça devient gravement kitch: On attaque les Rocker-Switches!
Oui c’est laid. Oui ça aurait été nettement plus classieux et à la mode avec des switches comme ceux de la section Effets.
mais bon, allez savoir… le goût Nippon…
Bref.
Ce synthé me fait un peu pitié, ça fait partie de son charme.
Bonbin c’est un sélecteur d’octave. Y’a que deux positions et c’est nettement suffisant: Ca monte assez haut pour des strings étincellants, et le grain très particulier de cette machine aurait rendues inaudibles des basses plus basses.

 

 

Les instruments percussifs et leurs effets associés:
Piano électrique (rien à voir avec un vrai, mais un son vraiment magnifique, plein de langueur). Vous vous rappelez le coup du clic? redoutable!
Clavecin… Bof encore pour le clavecin. Un beau son aigrelet cependant.
Piano. Assez bon dans la moitié supérieure du clavier, avec le phaser.
Harmonics, un drôle de petit son aigu un peu désaccordé en partie, comme s’il y avait du RingMod… Très joli et très utile pour faire ressortir l’attaque des sons percussifs dans le mix général.
Sustain. Ouais, bin c’est un release en fait quand on parle français. Il est actionnable au pied via le jack idoine à l’arrière.
Tremolo. On en règle la vitesse avec le potar du haut à droite.
Le potar du bas, intitulé DECAY, règle à la fois le DECAY (au sens où nous l’entendons tous dans un ADSR) des sons percussifs et la longueur du release quand la touche est basculée.

Par ici les sons vastes et langoueux, ou tendus, râpeux, ou encore sombres et souterrains.
Commençons par la droite pour une fois: Nous avons un EG de type AR qui n’est paramétrable que quand la touche noire est basculée.
Quand elle ne l’est pas les deux potars sont sans effet et on a un EG de type A=1,5, R=2 sur MS20.
Quoi qu’il en soit l’EG paramétrable n’agit que sur les 3 instruments correspondant aux touches blanches:
-CHORUS, un son de choeurs bouleversant, carrément! Pas réaliste mais bouleversant.
-STRINGS I, strings graves.
-STRINGS II, strings aigus.
L’EG non-paramétrable agit aussi sur les cuivres et l’orgue.
Les cuivres sont de toute beauté. Glorieux, voilà ils sont glorieux!
L’orgue semble tout droit venue de Barbarie. Très beau mais ni Jazz ni Rock pour un sou
La touche VIBRATO OFF agit sur les 5 instruments.
C’est un drôle de vibrato d’ailleurs… Plutôt un chorus à mon avis parce que les 3 Oscillateurs ne semblent pas être modulés selon la même vitesse. Il en résulte un son tissé serré-serré, un véritable mur sonore.

Est-il besoin de commenter?

 

 

 

C’est un instrument vraiment attachant, qui, selon la formule désormais consacrée, fait peu de choses mais les fait excellemment. Il est manifestement le fruit de cogitations poussés au niveau ergonomie et d’une certaine hardiesse technique.
C’est l’aboutissement de la série PE, et certains sons ressemblent un peu à ceux du PE-2000.
Ses sonorités sont réellement envoûtantes, et les possibilités de synthèse réduites suffisent largement au rôle qui lui sera dévolu dans votre studio.
Il est lourd (j’aime), assez massif, les bois sont beaux pour une fois chez KORG, avec une finition particulièrement soignée.
Le vaste capot supérieur n’est pas de trop pour contenir les merveilles qu’il recèle, et se révèle bien pratique pour poser autre chose dessus.
On le trouve encore, c’est étonnant, aux alentours de 400 euros. Si vous en voyez passer un, sautez dessus!

Voici quelques liens pour avoir une idée du son. Mais j’insiste: essayez-le si vous en avez l’occasion, car l’essentiel de l’expressivité sonore dont cet instrument est capable est gommé par le multimédia.
//www.korganalogue.net/korgother/sounds/ES50/KorgES50Lambda.mp3
Il s’agit de la démo officielle, assez orientée jazzy malheureusement, de 1979.

//www.carbon111.com/lambda.html
Visitez la belle page de Carbon111, actif sur VSE, et écoutez les magnifiques samples qu’il a réalisés sur un mode mélancolique, sans le moindre effet.

Bonbin je ne sais toujours pas quoi faire de mon 5… tant pis. Si vous avez une idée n’hésitez pas.
Quant au 12, il correspond aux notes de la gamme. Il doit bien y avoir des diviseurs quelque part…
Hum… Ai-je été clair?

Edit 06-2011: J’ai malheureusement eu à tripouiller dans mon Lambda cette année, pour réparations, et ça aura au moins servi à apporter ici quelques précisions au sujet de l’architecture électronique de cet engin: Diviseurs il y a bien! 9 AMI S10430 Divider/Keyer, qui représentent les 3 octaves 1/2 du clavier à partir des fréquences fournies par les 3 TOS 50241 (1 par voix), et font aussi office de VCA pour chacune des notes. Une astuce économique, discernable à l’oreille uniquement avec beaucoup d’attention dans certaines circonstances, permet de simuler un EG A/R complet sur chacune des notes et sur l’ensemble des 3 voix, alors qu’en réalité certains segments d’enveloppe se baladent d’une voix à l’autre au gré des circonstances. Illusion garantie en situation de jeu!

Fiche créée par Oryjen

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