Moog Minimoog vs The Source

Bon j’ai de la chance, on m’a prêté un source, et ayant un mini, hé bé voilà j’ai pu les mettre au coude à coude (plutôt au flanc à flanc) pour voir ce que ça fait, et ainsi vérifier que le sieur D. Korn (que je salue au passage, j’ai pu le rencontrer lors d’un éventuel achat de matériel) ne dis pas que des conneries – sauf votre respect eum’sieur Korn- dans ze bibeul from vintage, j’ai nommé « Synthé Story » part. un et deux que nous avons tous lu, parcouru, trituré, torturé, et abusé. Pour ma part mes exemplaires ont tellement été compulsés qu’ils sont dans un état proche de la désintégration. Je les consulte encore régulièrement dans un état fiévreux et maladif, je parle même de mes synthés à mon Psy. Ne rigolez pas, c’est vrai. Mais là n’est pas la question.

En premier lieu je constate qu’il vaut mieux laisser chauffer le Source un quart d’heure voire vingt minutes, pour avoir des VCO bien stables. Le modèle que l’on m’a prêté a pris un plomb sur un des flancs en bois mais toute l’électronique fonctionne parfaitement.
Je trouve ce synthé très beau, l’alu brossé s’accorde très bien du bois, celui-ci encadre aussi le clavier, c’est très classieux, et les sérigraphies en 3 couleurs primaires complètent un design équilibré. Il pèse environ 7,5 kilos et est plutôt compact.

Je sais que nous tous sur ce site défendons bec et ongles les boutons partout, mais sincèrement je trouve la manipulation du Source très agréable et rapide, surtout grâce à ce gros bouton énorme et lesté. On appuie sans forcer sur une touche à membrane et de l’autre main on lance le potentiomètre à toute vibure de toute son inertie et on le freine dès la valeur souhaitée du paramètre atteinte. Studio Electronics avec son monophonique 2 oscillateurs ATC Chameleon fait clairement allusion au Source, membranes + un gros bouton, sauf que ce dernier n’est pas si gros (un bouton Moog standard, celui de l’accordage des VCO sur le mini) et pas du tout lesté. De plus je n’ai rien trouvé de précis sur le web concernant la soi-disant fragilité des contacts à membranes du Source, ça fait quand même costaud, alors qu’avec l’ATC j’ai du faire changer le panneau avant (je suis peut-être mal tombé mais bon) car des touches ne fonctionnaient plus. Et puis bon un mono en rack c’est gonflant. Enfin chacun son truc.
Par contre le clavier est parfaitement quelconque, où sont nos bon vieux Pratt & Read à double tampon ? Sur le Minimoog c’est un vrai régal, c’est quoi cette manie de nous mettre, sous prétexte que les bushings ça s’use et que ce ne sont pas des pianos -donc nécessitant des touches lestées- des claviers complètement impersonnels et tout mous ? Non c’est vrai quoi merde font chier à la fin grrr.

Au chapitre des désagréabletés il faut bien avouer que le Source malgré un interface convivial n’est pas des plus inspirants au niveau de la programmation : très classique, 2 VCO sur 8’ 16’ et 32 pieds , 3 formes d’ondes non empilables, 1 noise, 1 Lfo, 1 sample-and-hold, 2 ADSR, VCF 24db, bon…
Bon point quand même, un LFO très rapide (mais pas encore assez pour faire de vrais effet de FM, on peut tout de même s’en rapprocher… ou l’évoquer) la « SYNC » pour les VCO mais mais mais… pas modulable ni par l’ADSR ni par le LFO hélaaas … et le PWM réglable mais pas modulable non plus grrr !
Pour faire des effets sympa avec la synchronisation des 2 VCO il faut donc s’acharner sur le pitch-bend, qui dans ce cas ne pitch que le 2eme VCO. Et d’ailleurs à ce propos, cette molette est tout à fait pénible, le cran central étant trop « fort », impossible de faire un beau vibrato souple et onctueux : on pitch vers le haut et quand on redescend la molette se bloque sur le cran et alors il faut le « sortir » de là pour pitcher vers le bas. Ça m’éneeeerve ! Ça peut peut-être se bricoler mais bon, ce n’est pas le mien alors je vais éviter de le rendre en plusieurs morceaux… des témoignages à ce sujet seraient les bienvenus.

‘sont-y pas meugnons ces deux là ?

Il y a bien sur aussi des bons points, à commencer par les 16 mémoires (16 patches d’usine à reprogrammer rapidement !), un trigger simple/multiple, un arpeggiateur (pas transposable en cours de jeu, flûte) et un séquenceur 2 x 88 notes (transposable, lui par contre).
L’ arpeggiateur est très sympa et permets en un tournemain de se concocter des riffs ou des séquences synthétiques ou robotique du plus bel effet : rien de tel pour se refaire « on the run » des Pink Floyd, en 3 secondes Chrono. Le séquenceur permet de jouer plusieurs programmes sur une même séquence. Par contre je ne sais pas si on peut « quantifier » une séquence : il faut donc jouer de façon hyper « carrée » mais notre collègue Anafroguien Filtre-4+Pole vient de me communiquer l’astuce, je cite : …qui consiste non pas à enregistrer à la vitesse ‘normale’ mais de rentrer la séquence à la vitesse la plus lente possible, avec tempo réglé de même (lent), ce qui laisse le temps d’appuyer sur stop au bon (faut espérer) moment juste après avoir rentré la dernière note. Outre d’arrêter la séquence au bon moment, ce procédé à l’avantage d’une meilleure précision, et donc de ‘quantification’

Par rapport à ce que nous venons d’énumérer, le Minimoog n’a pas la synchro, de sample-and-hold, d’arpeggiateur, de séquenceur, 16 mémoires. Mais…

– Le sample-and-hold, on peut le faire avec une modulation externe, d’un synthé, d’une pédale (Moogerfooger par exemple) etc. pour ma part je branche une pédale Korg MS-04 sur l’entrée VCO du mini et zou ça marche très bien. Je l’ai testé avec un MS-50 itou et ça doit donc marcher aussi avec un MS-10 ou MS-20.

– la synchro se bricole très bien et très facilement sur un mini, il s’agit de relier une résistance à deux autres en y rajoutant deux résistances, deux switchs et deux diodes, et évidemment de faire deux petits trous à l’arrière du mini pour les switchs,. Mr Yves Usson ici présent a fait la modification et nous confirmera s’il le souhaite la désarmante facilité de cette mod. Et les possibilités sonores que cela ajoute.

– bon évidemment les mémoires on oublie, ou plutôt on écrit mais du coup, on dispose de mémoires illimitées, hein, alors, hé, hein ? Comment ça, moi, de mauvaise foi, MOI ?

-quant au séquenceur ou arpeggiateur, moi j’utilise un Korg SQ-10 (de 1 à 24 notes, mais on peut aussi moduler à l’aide de 12 autres pas le filtre ou le volume – l’extrait audio « on the run » du mini est fait avec) et là, là on transpose toute la ligne en jouant une touche, bon honnêtement c’est franchement moins pratique et accessible (faut accorder chaque note patiemment) que l’arpeggiateur du Source qui permet VRAIMENT de faire des séquences très rapidement sans se prendre le chou.

MAIS le Minimoog, lui, a un 3eme VCO qui peut faire aussi office de LFO, au moins il peut faire les deux. Et surtout on fait de la FM c’est-à-dire modulation de fréquence, en d’autres termes on module les VCO 1 et 2 par le 3eme, ce qui donne accès à tout un tas d’effets et de glous-glous à peine croyables, assimilables parfois à un ring modulator, d’autres fois produisant des sons métalliques (mais organique tout de même) et inharmonique. C’est là que se situe la partie « recherche » du Mini. Enfin selon moi.

Maintenant il faut bien avouer que ce soit le Mini ou le Source, ce sont quand même des machines à vocation « scène », on obtient très vite le son adéquat à l’humeur ou à la situation du moment.

Et enfin, le son.
Bah eul’ ch’tio frère il assure, il faut bien l’avouer. C’est du Moog puissant et profond, il n’y a pas de doute à ce sujet. Simplement, ce n’est pas tout à fait le même son, ce son là est plus « moderne » parfois plus mordant (je n’ai pas dit agressif) plus précis, plus droit.
J’aime moins les attaques des enveloppes, moins musicales que le mini, mais les fréquences basses sont riches et descendent dans les fréquences autant que le mini .il nous manque évidemment le côté organique de ce dernier (et les potentiomètres), et c’est ce qui fait la vraie différence, mais franchement il peut arriver que certain préfèrent le Source, selon les goûts de chacun (et son banquier) .et puis, à part la présence du séquencer, ses fonctions m’apparaissent trop simples pour inspirer de la recherche sonore.Mais franchement au niveau son il se pose là.
Et pour l’emmener en répète c’est bien plus facile. En résumé, Minimoog = coup de cœur, son unique, inimitable, richesse, potard, légende non galvaudée. Source = vrai son de Moog, léger, budget serré. Je regrette VRAIMENT l’absence de modulation d’onde carrée et de la synchronisation des vco ? Ça aurait été tellement un plus !

Voici quelques exemples sonores :

Star cycle -source- mini-ms20-source

Le riff de « Star cycle » de There and Back, Jeff beck, avec Jan Hammer aux claviers,
Fait avec le séquencer du source, donc, suivi de la même séquence faite au ralenti (soyez indulgent envers mon humble niveau) en essayant évidemment de programmer le même son sur le mini puis sur un … MS-20 (qui s’en sort plutôt bien !) et enfin le source à nouveau.

« On the run » des Pink Floyd, programmé en 3 secondes sur le Source et celui-ci abondamment tripoté ensuite, puis programmé en 10 minutes sur un mini et même traitement (aléatoire).

SOURCE- on the run
MINIMOOG- on the run

Et enfin un passage en revue de divers patches eux même triturés, là aussi veuillez acceptez mon immense contrition devant mon niveau quand même un peu à chier. Mais baste ! Ça donne une idée des sons typés mais aussi très variés de ce joujou.
Enfin quand je dis trituré, je parle surtout de la molette de modulation avec la « sync » et de temps zen temps, le filtre étant sélectionné, un bon lancement de gros potentiomètre lesté.

SOURCE- divers tripotages

Je remercie chaleureusement, pour le prêt du Source, Olivier, de BASEMENTprod, un studio de répétition et d’enregistrement situé 38 rue de rochechouart 75009, on l’on se sent comme chez soi.

Et puis un lien pour vous permettre de mettre des switches à la place des membranes.

http://www.mysterycircuits.com/source/intro.html

Fiche créée par Foox.

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