Un jour, je décide de réaliser un vieux rêve : m’acheter un vieux synthétiseur – malgré que je ne sois qu’un misérable bassiste – qui fasse plein de bruits bizarres ( pas le bassiste , le synthé) et surtout dans mon idée qui permette de créer des sons au hasard des manipulations de boutons , l’idée de trouvailles sonores aléatoires étant un leitmotiv suffisant pour encombrer mon 27 m² et sacrifier mes rares copines à coup de résonance un peu forcée . Et alors soudain que vois-je dans le sous-sol d’une boutique de claviers ? un splendide gros bouzouf , pleins de curseurs et de petits leds rouges , habillé de vinyle façon Ford Capri , avec couvercle . Ho merveille et promesse d’expérimentations sonores… un ami présent n’eu que du mépris pour ce magnifique vétéran du tripotage, et me dit d’un air suffisant en me montrant successivement un JX3P et le Multivox : « ça, midi, bien … et ça pas midi, caca »…
Un fossé culturel nous séparait, si l’on peut dire. Maintenant que je vous en cause, je me rends compte que ma folie ne date pas d’hier, cette scène de la vie quotidienne datant de 1988.
Bref c’est ainsi que j’acquis mon premier synthé, au lieu d’un MS-20 que MUSIC-POWER s’évertuait à vouloir me vendre sans me le faire essayer ! À l’époque, j’avais quand même besoin d’écouter ce que cet engin avait dans le ventre … évidemment ça serait maintenant… mais c’est une autre histoire.

DONC le Multivox MX-3000 est un synthé trois-z-en-un, genre Korg trident ou Arp Quadra, auquels on le compare souvent … alors là, franchement, autant comparer un Maroilles à un Gouda, vous aurez une idée de l’étendue de la confusion. Déjà au niveau du design , puis à mon avis rien que l’idée qu’on se fait du son … perso , je veux bien retrouver un Multivox et l’échanger les yeux fermés contre un Quadra , je prends le risque. Je pense qu’il est beaucoup plus proche d’un Roland « paraphonic » RS-202.

… 3-en-1 car celui-ci comprend une section basse, une section polyphonique et une section monophonique.

– la section basse comprend un VCO avec un portamento, un inter à 3 position pour un filtrage soft, medium ou « sharp », c’est-à-dire plus ou moins ouvert et résonnant, et un autre inter plus un curseur de release pour une enveloppe : gate, avec decay, « hold » (tenue). On en tire un son de basse pas bien nerveux, mais un peu râpeux et agréable, cependant loin de la basse « mystique » d’un Arp Omni.

– la section polyphonique a un VCO à diviseur d’octave, d’où une polyphonie illimitée. On peut mettre les deux avant-bras dessus, le bougre d’engin nous allonge alors une mélopée dramatique à la Schulze sans faiblir, je le sais, c’était un de mes grands plaisirs.
Les réglages sont frustres mais complets, car nous avons un LFO simple à une sinusoïde qui peu agir sur le vco et/ou sur le filtre, avec un réglage de temps de montée s’il vous plait ! Ce n’est pas si courant, tiens d’ailleurs y’en a pas sur un Nordlead …
Ensuite nous trouvons un filtre résonnant qui dans mon souvenir ne décolle pas les papiers peints mais qui fait son boulot correctement (peut-être un 6db ?), une petite enveloppe AR commune au VCF et VCA avec un inter pour éventuellement router ce dernier en gate, à la façon d’un JUNO-6, et ainsi garder l’enveloppe pour le filtre. puis des effets: deux chorus, très musicaux, assez typés Roland dans mon souvenir et le fameux « full-rotor » qui n’est pas, comme son nom l’indique, un gros bruit d’hélicoptère prêt à l’emploi, mais bien une certaine approche de la cabine Leslie, donc pas vraiment un Leslie mais un effet plutôt agréable. Il y a AUSSI un portamento à 2 modes, si si.
Puis des presets, dont nous poufferons juste en imaginant à quoi ils ressemblent … des sons « cheesy » comme on dit, string, reed, ‘voyez le genre. Mais filtrés avec un chorus par-ci, un full rotor par-là, ça va beaucoup mieux.
Par contre, surprise ! Il y a 3 presets piano/honky-tonk/hapsichord, pas terribles évidement mais ceux-ci bénéficient d’un release et surtout d’un réglage de dy-na-mique ! Sapristi ! De quoi s’improviser un ou deux Wurlis (enfin, seulement dans l’idée), car on peut évidemment bénéficier de cette « dynamique » sur le volume pour un son qu’on programme soi-même. En vérité, si on mettait le curseur à fond, le synthé n’avait plus de pêche, et on repassait vite fait à un bon pad bien gras … et hop le chorus etc.
… mais quand même ça pouvait servir.

– enfin, une section monophonique très complète quoiqu’à un seul VCO, dommage …
Car le filtre est sympa, il oscille tout seul et la résonance suis parfaitement le clavier (de façon accordée veux-je dire) et est très musicale, plus qu’un MS-20 à mon goût, et Dieu sait que j’adore ce dernier. Mais laissons Dieu en dehors de tout ça, il ferait mieux de nous ressuciter le Memorymoog plutôt que faire le malin (si j’ose dire).
Où en étais-je … ha oui : le filtre donc, possède sa propre enveloppe, une ADSR.
Le LFO a 3 formes d’ondes, dent-de-scie, sinusoïde, carrée. Il peut affecter le filtre, le VCO, et le VCA, rare ça aussi .pas de sample-&-hold. Le VCO est à 5 formes d’onde dont un « noise » aux sonorités assez distinctes les unes des autres. De quoi faire de nombreux bip-bip et Fx. Puis un Portamento avec choix « touch » c’est-à-dire ne se déclenchant que si l’on joue legato -très sympa-, une transposition d’une octave vers le bas ou vers le haut, et enfin un VCA avec son ADSR ainsi qu’une fonction « hold » et « repeat » qui devait sélectionner l’action du LFO pour tenir la note.
Le son est très honnête, un vrai mono analo, surtout avec cette résonance fort sympathique.

Enfin un « pitch-tune » pour chacune des 3 sections

Les sorties sont nombreuses : 3 sorties indépendantes pour les 3 sections, une sortie générale,
Celles-ci bénéficient encore d’un mixer avec inters « on-standby » situé à gauche des autres réglages. Autant que je me souvienne, il y a aussi des entrées vcf et cv, à vérifier.

vous l’aurez compris , ce synthétiseur est intéressant pour qui veut s’initier à la synthèse , pour un musicien autre que claviériste qui cherche un clavier d’appoint « à-tout-faire » –qui ne veut pas verser dans le numérique- et à condition de le trouver à moins de 400 euros . Il a un look et une ergonomie agréable, une résonance agréable pour le mono ce qui n’est pas si courant, un clavier (un tout petit peu) dynamique, et surtout des effets colorés et soyeux qui font tout son charme … En résumé on pourrait dire qu’il s’agit d’une string machine affublée d’une section mono à un oscillateur, celle-ci étant plutôt complète. Néanmoins, je ne l’échangerais pas contre mon Omni2 mais il me permit en son temps de faire mes premières armes en synthèse, et je devais par la suite m’acheter un JD-800, puis un MS-20, le vrai début de ma radicalité analogique.

Pour se faire une meilleure idée du coucou et de sa synoptique, voyez donc le patch-sheet ci-dessus (image cliquable) et les photos chez flickr, ayant revendu ce vaillant appareil il y a kek’z-années déjà, je n’ai point de photos et seulement deux petits exemples sonores sur deux extraits de (vieux) morceaux (le synthé qui fait de petits arrangements, de toutes façon ya que lui comme clavier). C’est peu pour se faire une idée hélas, il faudra attendre qu’un autre amateur s’y colle.

extrait mx3000-1
extrait mx3000-2

et des images:
http://flickr.com/photos/matrixsynth/sets/72157604950369742/

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