Oberheim OBXa

 

Synthèse Analogique
Polyphonie 4 à 8
Mémoires 32 à 120
Année de construction 1981


Doté d’un tableau de bord magnifiquement agencé et intelligemment espacé où swichtes et potards sont disposés de façon ordonnée, l’OBXa avec son imposante silhouette est l’archétype d’une certaine génération d’instruments électroniques, celle de la fin des 70’s et du début des 80’s où des noms aussi prestigieux que Prophet 5, Jupiter 8 ou CS 80 se faisaient concurrence à coup d’innovations et de personnalité sonore.
L’OBXa d’Oberheim, sorti en décembre 1980, fut un acteur majeur de cette période dorée du synthétiseur analogique. Son utilisation par des artistes aussi divers et prestigieux que Prince, Gary Numan, Rush, New Order, Simple Minds, Mike Oldfield, les Stranglers et bien sûr le groupe de Hard rock Van Halen avec le titre « Jump » en est bien la preuve.

Il faut dire qu’Oberheim n’en était pas à son premier coup d’essai et s’était déjà fait une solide réputation dans le monde de la synthèse depuis l’apparition de son module SEM en 1974 jusqu’au prédécesseur de l’OBXa, le merveilleux OBX sorti en 1979 pour directement concurrencer dans le monde de la polyphonie à mémoires, l’Ovni de Sequential Circuits, le mythique Prophet 5 sorti en 1978. Une chose est certaine, avant la sortie de l’OBXa on parlait déjà du « Son Oberheim ».

Construit à base des fameux CEM’s, l’OBXa fut présenté comme une évolution de son prédécesseur qui n’arrivait pas vraiment à concurrencer le Prophet, même si, au final, l’OBX (utilisant pratiquement le même filtre 12 db passe-bas que les SEM) et L’OBXa sonnent différemment.
Il existe plusieurs versions de l’OBXa avec 4, 6 ou 8 voies de polyphonies ayant pour stocker les sons des emplacements de 32 ou 120 mémoires selon les modèles. La version 8 voies avec ses 120 mémoires en est la plus répandue.

Les oscillateurs

L’OBXa possède 2 oscillateurs par voie de type VCO’s avec 2 formes d’onde disponibles pour chacun des OSC’s. Une dent de scie et un rectangle dont la largeur est variable uniquement pour les 2 OSC’s en même temps.
L’OSC 2 peut être synchronisé à l’OSC 1 pour des résultats souvent superbes.
Il est possible de désaccorder de façon fine l’OSC2 par rapport à l’OSC 1.
L’OSC 2 peut être aussi modulé par l’enveloppe. Malheureusement la modulation se fera sur la même enveloppe que celle du filtre pour un résultat, cependant, souvent musical.
Contrairement au Prophet 5 ou au Jupiter 6, les formes d’ondes ne sont pas cumulables, ce qui restreint les possibilités de design sonore.
L’absence d’un vrai mixeur pour les 2 OSC’s reste un mystère. On a comme option soit l’accès à l’OSC1 ou l’OSC2, soit aux deux en même temps avec pour l’OSC2 un mode « Full » ou un mode « Half ».
Pour le Noise, c’est fromage ou dessert, ON ou OFF ! Autant dire qu’utiliser le Noise requiert une certaine virtuosité…
L’OBXa a perdu la fonction Xmod de l’OBX, équivalent à la fonction Polymod du Prophet 5, ce qui laisse malheureusement moins de place à l’expérimentation.

Le filtre

Le filtre (2 CEM’s 3320 par voie) est commutable soit en 2 pôles (12db), soit en 4 pôles (24db). Ce qui est incontestablement une des grandes forces de l’OBXa.
Le mode 12 db est doux et brillant et garde toute sa puissance lorsqu’on pousse la résonance. Le mode 24db, lui, est du genre « punchy » et est en grande partie responsable de la réputation du gros son mythique de l’OBXa.
Le Keyboard Tracking n’est disponible qu’en mode on/off (c’est décidemment une manie)…
Et la résonance, elle, ne peut pas entrer en auto oscillation.

Les enveloppes

Pour les enveloppes, les 2 ADSR dédiées au VCF et à l’Amplitude sont présentes.
Elles ont l’avantage d’être assez rapides et précises. Le release est particulièrement long, ce qui est un régal pour les amateurs d’Ambient.
Par contre, je suis un peu frustré de ne pas trouver un mode « Enveloppe inversée » comme sur le Jupiter 6 par exemple.

Modulation et Contrôles

En ce qui concerne le registre de la modulation, l’OBXa se contente malheureusement du strict minimum.
Un LFO principal contenant 2 formes d’onde (sinus ou carré) plus un Sample & Hold (ce qui est une bonne chose) qui peut moduler le filtre, chacun des OSC’s ainsi que le Pulse Width pour chacun des OSC’s. Malheureusement, pas de possibilité de programmation de retard pour le LFO.
On remarquera également à gauche du clavier, sur le panneau de modulation, un second LFO non programmable à 3 formes d’onde (sinus, dent de scie ou carré) faisant office de vibrato (on ne peut moduler que les OSC’s) et pouvant être doser grâce au fameux levier Oberheim (on aime ou pas, moi j’adore…) le plus à gauche.

Le levier de droite est assigné au Pitch Bend avec 2 options de profondeur, soit sur un octave en mode « Normal », soit sur un ton en mode « Narrow ».
A noter qu’il est possible d’intervenir uniquement sur l’OSC2 au niveau du bender. D’ailleurs si les OSC’s sont synchronisés, en n’intervenant que sur l’OSC 2, le bender agira alors sur le timbre pour des effets très intéressants.
Deux switches permettant d’effectuer une transposition d’un octave avec le bas et vers le haut sont également disponibles à cet endroit.

Au sujet des goodies de l’OBXa, on notera la présence d’un portamento polyphonique et d’une fonction Hold pouvant être commandée par le panneau arrière à l’aide d’une pédale.

Contrairement à son prédécesseur l’OBX ou au Prophet 5, l’OBXa possède un mode Split « flottant » qui permet de diviser le clavier en 2 parties avec un nombre de voies équivalent et
un mode Double (la polyphonie se trouve alors divisée par 2) qui permet d’obtenir de superbes layers. Les commandes du panneau de modulation (sauf le transpose) pourront alors être assignées soit au « Lower » soit au « Upper » grâce au 2 switches de sélection.
Il sera possible de doser le volume entre les 2 parties à l’aide d’une fonction nommée « Balance ».

L’unison

Comme sur chaque polyphonique qui se respecte, une fonction Unison est présente et permet d’avoir tous les oscillateurs en monophonique. La priorité se fera sur la note la plus basse.
On entre alors dans la catégorie des sons « Super-Fat » qui, programmés subtilement, peuvent révéler des timbres très musicaux.
En mode Split, il est possible d’avoir accès à deux synthés monophoniques.

Dans les fonctions plus anecdotiques, il y a un mode Chord permettant de jouer un accord sur une note.

L’auto-tune

L’OBXa possède un Auto-tune très efficace et quasiment indispensable. En effet, certains modèles d’OBXa peuvent se désaccorder assez souvent (comme le mien par exemple).
Il est d’ailleurs conseillé de laisser chauffer son OBXa pendant une vingtaine de minutes pour stabiliser les OSC’s.

Le panneau arrière

Au niveau du panneau arrière se trouvent une sortie mono et une sortie stéréo. La possibilité de régler l’espace stéréo de chaque voie est possible, mais malheureusement, pour accéder à cette fonction, il faut ouvrir le capot de l’engin. Ce qui est tout sauf pratique.
On trouve également sur ce panneau arrière une interface permettant une sauvegarde K7 que personnellement je n’ai jamais testée et qui n’a pas la réputation d’être fiable.
Une entrée pour contrôler le VCF (avec un sequencer analogique, c’est un régal), une entrée pour commander le Sustain, une entrée pour commander un changement de programme et une entrée pour moduler le LFO 2, ainsi qu’une interface numérique permettant de se connecter à un sequencer DSX sont également présentes.
Etant donnée son année de sortie l’OBXa n’est pas midi (le mien possède un Kit Numéra qui a été ajouté à l’époque).

Le clavier

Le clavier (assez bruyant) utilise des bushings Pratt-Read, il sera donc peut-être conseillé de les changer pour obtenir un meilleur confort de jeu.

Le son

An niveau du son, on comprend vite le sens du terme Fat, si souvent employé, à l’écoute de certains patchs de l’OBXa.
L’OBXa possède des sonorités qui peuvent être pleines, granuleuses, rugueuses ou vaporeuses selon les cas. Des pads les plus gras aux textures les plus éthérées en passant par les sons acoustiques, les leads, les strings, les basses ou les sons cuivrés, l’OBXa possède à chaque fois cette même richesse qui donne au son un côté organique et incroyablement vivant.
Par contre pour les recherches de sonorités non conventionnelles, on ne pourra pas aller aussi loin qu’avec un Jupiter 6 qui est beaucoup plus versatile avec des possibilités de modulations qui ne sont pas comparables, la modulation simpliste de l’OBXa ne permettant pas trop de s’aventurer hors des sentiers battus.
Mais grâce à son grain chaleureux et à sa musicalité exceptionnelle, on arrive sans problèmes à oublier toutes les lacunes de la machine.

Quelques exemples de sons

Titre Genre Durée Auteur
Yazoo Bass.mp3 Bass 0mn15s Biboulon
Séquence en mode Sync.mp3 Sync 1mn36s Biboulon
Pad.mp3 Nappes 2mn25s Biboulon

Fiabilité

Certainement plus fiable qu’un Prophet 5, l’OBXa est tout de même connu pour avoir de temps en temps quelques problèmes, notamment au niveau de l’accord.
Toutefois, il ne faut pas oublier que les années n’arrangent rien à ces machines qui ont souvent beaucoup tournées.

Conclusion

Compte tenu de ses limites au niveau de la programmation, l’OBXa ne sait pas tout faire.
Mais il faut admettre une chose, ce qu’il sait faire, il le fait de façon merveilleuse.
Sa force, c’est ce son riche et chaleureux, cette fameuse sonorité mythique labellisé Oberheim.
Et la sonorité d’un instrument, n’est-ce pas le plus important?

Fiche créée par Biboulon

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