Gibson Maestro Rhythm’n’Sound G-1

une drôle de machine…

Voyons, de quoi s’agit-il ?

  • un synthé ? un peu
  • un filtre ? beaucoup
  • une boîte à rythmes analogique ? passionnément
  • une pédale d’effet originale et inégalée ? à la folie !

 

Année de sortie 1968 ? (le circuit imprimé indique la date du 19/10/1967)

 

Au départ, il s’agit d’un effet pour guitare. Les coups de médiator servent de déclencheur à des sonorités de basse et de percussion, transformant ainsi le guitariste en homme-orchestre.
Mais comme n’importe quel signal audio peut servir de trigger…nous allons bien entendu en profiter pour étancher notre soif d’expérimentations analosynthesques !

Nous savons que Tom Oberheim a conçu des effets électroniques pour le compte de Maestro/Gibson au milieu des années 60 avant de fonder sa propre société. Certaines sources prétendent que le Rhythm’n’Sound fait partie de ses créations…

Visite guidée

Fermé, dans son élégant écrin d’ABS sixties (quoique légèrement cabossé) il ressemble à ça :


Je ne sais pas pourquoi mais les appareils dans leurs valoches idoines, je trouve que ça a un charme fou. Teppaz, Sonic 6, AKS, etc…tout de suite on se sent en confiance : ‘vas-y, trimballe moi, je suis mobile et costaud, dans 40 ans je serai encore là fidèle au poste’

Allez, on ouvre :

Ce n’est pas innocemment que j’ai parlé de Teppaz plus haut. A l’ouverture de la mallette du Rhythm’n’Sound, une effluve du passé vient incidemment vous chatouiller les narines : c’est l’odeur des années 60. Exactement la même que celle du vieil électrophone de mes parents. Bah oui, le Maestro n’a que 2 ans de moins que moi…

Qu’avons nous là dedans ?
Le boîtier accompagné de sa pédale.
Allez, gros plan sur la pédale, ce design est irrésistible :

Le boïtier comprend une zone de commutateurs et une zone de potentiomètres rotatifs.
Le codage couleur permet de repérer quels potards correspondent à quels commutateurs.
Les possibilités de réglage sont extrêmement rudimentaires.
Explorons les sections :

– Jaune
1 commutateur (étrangement libellé ‘Natural Amp’) qui enclenche le son brut de l’instrument.
Les 2 potards associés (étrangement libellés ‘Treble’) permettent de régler le volume de l’instrument brut et sa tonalité (si les commutateurs blancs sont enclenchés)

– Blanc
3 commutateurs (Color Tones 1,2 et 3) : des filtres qui colorent un peu le son mais qui ne sont pas réglables

– Bleu
2 commutateurs (Fuzz Bass, String Bass) qui déclenchent les sons de basse. Il s’agit de la section ‘synthé’ : nous avons là un diviseur de fréquences qui génère une sub-harmonique du son de l’instrument en entrée.
2 potards associés permettent de doser le volume de la section Bass et son sustain.
C’est surtout ici que l’analopathe du 21è siècle aurait aimé trouver des possibilités de réglage un peu plus poussées mais bon, j’imagine que pour 1968 c’était déjà beaucoup…

– Rouge
5 commutateurs (Bass Drum, Bongo, Brush,Tambourine, Clave) pour la section Percussions dont on peut ajuster le volume et la tonalité au moyen des 2 potards de la même couleur .
Les sons ressemblent bien sûr beaucoup à ceux des boîtes à rythmes de la même époque.
Bongo et Clave sont beaucoup trop discrets, j’ai ouvert pour voir si des trim pots permettaient d’y remédier mais non…(il y a bien des trim pots mais uniquement 2, et je ne sais pas à quoi ils servent, j’ai trouvé le shéma du modèle G-2 mais pas du G-1)

N’oublions pas le bouton ‘Cancel’ : lorsqu’on appuie dessus, tous les commutateurs se remettent en position ‘off’ comme un seul homme, avec un feeling mécanique incomparable en ces temps de claviers de PC mous et de surfaces tactiles froides et ectoplasmiques.

3 prises jack sont à notre disposition pour :
– entrée instrument
– pédale start/stop
– sortie mix

Il est à noter que le niveau d’entrée est censé être réglable au moyen d’un potard pompeusement nommé ‘input sensitivity’ et qui est une vaste blague…
Jusqu’à 25% de la course ça ne capte rien et au-delà ça capte tout, c’est vraiment dommage.
Edit : ça fonctionne presque bien avec une basse jouée aux doigts puisque la sensibilité naturelle du bassiste permet, contrairement au bête coup de médiator de doser subtilement la puissance de la note…
Peut-être qu’avec un clavier dynamique ça fonctionnerait également, je n’ai pas encore vérifié.

à l’usage

C’est un plaisir de jeu à l’état brut.
A priori on pourrait penser cette machine réservée à l’instrumentiste mais le programmeur a aussi droit à sa part de bonheur puisqu’en triggant son synthé avec un LFO ou un séquenceur on peut également goûter jovialement aux joies de l’ingénieux G-1.

J’ai essayé avec une guitare acoustique, une guitare électrique, une basse, des synthés, et c’est tout bonnement génial.
Les sons de basse ne sont pas bouleversants, c’est un peu comme jouer avec un octaver, mais le déclenchement des sons de percu en temps réel c’est vraiment amusant.

L’énorme plus c’est qu’avec le footswitch, on pilote les sections bass/percu mais pas la section filtre, donc on peut se jouer des plans questions-réponses entre le son brut (avec ou sans filtre) et les sub-harmoniques+percus.

Une précision : sur les accords, le déclencheur réagit assez mal, c’est beaucoup plus adapté au jeu monophonique.

La qualité du son est étonnante : pas de souffle et une couleur toute analogique.

Mais je cause, je cause…vous voulez peut-être écouter ce que ça donne ?

Démonstrations

  • dans le 1er exemple, c’est une guitare électrique qui est utilisée comme instrument en entrée. Je joue 3 fois de suite une phrase brute puis la même (hum, ou presque…) avec les effets. Je termine par un question-réponse
  • dans le 2è exemple, c’est le même principe mais avec un synthé

 

g1_guitar guitare électrique + Maestro Rhythm’n’Sound
g1_sonic6 Moog Sonic 6 + Maestro Rhythm’n’Sound

 

J’ai également enregistré une vidéo (avec mon appareil photo donc la qualité est très faible) qui permet de voir et d’entendre l’effet de chaque touche du Rhythm’n’Sound:

http://www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=VNMeJW1pxY4

Le LFO du Sonic 6 envoie régulièrement un son qui est utilisé pour déclencher chaque fonction.

Post-Scriptum

Cet effet n’est pas très connu mais a été utilisé par des musiciens aussi divers que Jimi Hendrix, Isao Tomita et les Beastie Boys.

Il existe une version spéciale ‘vents’ à destination principalement des saxophonistes !

Il existe une version G-2 (que je vais essayer d’acquérir au plus vite) qui ajoute aux effets existants un autowah et un écho réglable !

 

Fiche créée par Oliverbass

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